Je défends la part de blanc dans ma peinture comme étant une disponibilité de l'espace et de l'esprit mais il est également l'expression des choses non peintes. L'idée réside ainsi dans la suggestion. Les blancs sont intentionnels et sont des silences pour permettre le dialogue avec le spectateur. Le blanc de la toile n'est pas le blanc posé. Quelque chose de non-dit. Il est important d'accepter ce vide. Moins la toile est saturée de couleurs, plus elle respire !

 Cela me fait penser à la notion du Vide évoqué par François Cheng comme un pivot dans le fonctionnement du système de la pensée chinoise.

 « C'est toutefois dans la peinture que le Vide se manifeste de la façon la plus visible et la plus complète. Dans certains tableaux..., on constate que le Vide (espace non peint) occupe jusqu'aux deux tiers de la toile. Devant de tels tableaux, même un spectateur innocent sent confusément que le Vide n'est pas une présence inerte et qu'il est parcouru par des souffles reliant le monde visible (espace peint) à un monde invisible...C'est bien le Vide qui permet le processus d'intériorisation et de transformation par lequel toute chose réalise son même et son autre, et par là, atteint la totalité. »

 

 C'est pourquoi il est important pour moi de créer des réserves, c'est à dire d'isoler des zones où le blanc de la toile apparaît. Les réserves de la toile apportent de la lumière en revenant à la matérialité du tableau